Chroniques d'une civilisation décadente

À force de naviguer dans les eaux troubles de notre époque, il devient tentant de tout abandonner, de se replier sur soi et se laisser couler dans les profondeurs du désespoir, du défaitisme et du nihilisme. Or pourquoi le désespoir quand il nous reste de l’espoir? Pourquoi le défaitisme quand nous avons l’humour? Et pourquoi le nihilisme quand il y a tant de raisons de donner sens à nos vies? Les chroniques ne prétendront pas donner sens à vos vies, c’est à vous de le trouver, mais elles vous offriront au moins l’espoir et l’humour. Elles prendront d’abord la forme d’une éphéméride où les absurdités du quotidien seront tournées en dérision, mais elles deviendront bien plus que des commentaires ironiques sur les nouvelles : prise de position sur les enjeux importants de l’époque, exercices d’écriture, comptes rendus de lectures, lieu de partage d’idées, pourquoi pas tout cela en même temps? Et bien plus…

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Les chroniques d’une civilisation décadente seront donc un journal. Un journal tragique qui, témoin de son époque, témoin de la fin de sa civilisation, tentera de la défendre sachant très bien l’entreprise vaine. Les fourmis vivent et meurent, les arbres vivent et meurent, les humains vivent et meurent, les civilisations ne font pas exception à cette règle universelle du monde qui nous héberge. Toynbee disait que « les civilisations meurent par suicide, non par meurtre ». Nous autres humbles citoyens, avons le devoir de refuser que le suicide de la nôtre passe par nous. In ruinae stantibus : debout dans les ruines. Pendant que les partisans de la déconstruction déconstruisent, pendant que les partisans de l’essentialisme racial essentialisent, pendant que les partisans de la culture de l’annulation annulent, pendant que les professeurs professent, pendant que les intellectuels idéologues idéologisent et que les idéologues intellectuels intellectualisent, pendant que les politiciens gestionnaires gestionnent, pendant que les briques tombent et que l’histoire brûle, tenez-vous avec moi, debout dans les ruines. C’est ce qu’on appelle résister.