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Les chroniques

Une tornade de récupération politique

Dernière mise à jour : 10 janv. 2022

Parlons changements climatiques

13 décembre 2021

Au soir du 10 décembre jusqu’au matin du 11, une trentaine de tornades ont déferlé sur le Midwest américain, causant des dommages importants aux communautés de la région. La destruction de domiciles, de commerces et la mort de plus de 90 personnes sont une tragédie et par l’infime parole publique qui est la mienne par ce blogue, j’offre mes condoléances aux personnes touchées et je souhaite le meilleur pour la reconstruction des villes, des communautés et des vies touchées par les tempêtes. Mais aujourd’hui je veux parler de la réponse politique et médiatique à cette tragédie. Les changements climatiques sont une préoccupation importante de notre époque, sinon la préoccupation de notre époque. L’angoisse qu’ils suscitent transforme l’avenir en une grande zone d’ombre anxiogène, ce qui en fait un enjeu facilement récupérable à des fins politiques. Dès lors, un événement météorologique extrême est rapidement analysé à travers le prisme du climat changeant qu’on attribue tout de suite aux actions humaines. Joe Biden, le grand druide de la protection du climat, a avancé que de tels phénomènes météorologiques étaient plus intenses et seraient plus fréquents dans le futur en raison desdits changements climatiques. C’est aussi ce qui est rapporté dans un article de La Presse ce matin.


Du haut de mon bac en géographie environnementale et de ma passion pour la question climatique, pour l’environnement et pour tout ce qui touche la nature, je m’efforcerai d’analyser la situation en me souciant de la vérité, même si c’est Une vérité qui dérange.


Analysons les données sérieusement et objectivement. On observe effectivement une augmentation des tornades depuis 1950 et cette augmentation est effectivement corrélée à un réchauffement global (figure 1). Cependant, un scientifique qui se respecte ne se satisfera pas de ce simple constat. Quand on se demande les raisons derrière ces changements, on en vient rapidement à la conclusion que plutôt d’être résultats des changements climatiques, il s’agirait d’une belle démonstration que corrélation n’implique pas toujours un lien de causalité.

Figure 1 - Nombre de tornades observées par NOAA entre 1950 et 2019 aux États-Unis (Koonin, 2021)


Les tornades sont classées selon l’échelle de Fujita qui évalue l’intensité de la tornade en fonction des dommages qu’elle cause. Les échelons vont des tornades les plus faibles (F0) aux plus destructrices (F5). Il devient dès lors intéressant de décomposer les données qui montrent une tendance à la hausse depuis 1950 pour mieux comprendre le comportement des tornades dans le Midwest américain et la manière dont celles-ci ont évolué. Comme disent les Anglais : the devil’s in the details.


Si l’on reprend les mêmes données de tornades observées par NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) depuis 1954, mais en n’affichant que les tornades d’un niveau F1 et plus, la tendance à la hausse disparaît (figure 2). Si on refait le même exercice, mais cette fois avec les tornades de catégories F3 et plus, on observe une diminution de moitié de ces tornades aux États-Unis (figure 3).

Figure 2 - Nombre de tornades F1 et plus observées par NOAA entre 1954 et 2014 aux États-Unis (Koonin, 2021)


Figure 3 - Nombre de tornades F3 et plus observées par NOAA entre 1954 et 2014 aux États-Unis (Koonin, 2021)


Pourquoi dès lors observons-nous une augmentation de tornades toutes catégories confondues aux États-Unis ? Réchauffement global ? Modifications des patrons atmosphériques nord-américains ? Ce serait plutôt le fait que les radars utilisés aujourd’hui sont nettement supérieurs à ceux d’il y a 70 ans, permettant ainsi de capter les tornades les plus faibles (F0) dont le dommage le plus important est de renverser quelques poubelles sur son passage. Il y a donc un biais dans la prise de données qui montrent des répercussions dans la représentation globale des données de tornades aux États-Unis.


Je pose aussi l’hypothèse que puisque l’échelle de classification des tornades repose sur les dégâts qu’elles causent plutôt que sur des variables de la tempête elle-même (la vitesse des vents par exemple), la réduction des dégâts matériels et de la mortalité due aux tornades est peut-être un résultat de l’enrichissement et de l’adaptabilité des populations humaines. Si cette intuition est bonne, il est possible que les dégâts aient été réduits malgré une variation dans le phénomène qui les cause.


Ainsi, s’il existait une échelle pour qualifier ou quantifier les tornades en fonction de leurs caractéristiques météorologiques intrinsèques, il serait possible de mieux comprendre le comportement physique des tempêtes. Cependant, ce type de tempête reste encore très mal connu. Selon le plus récent rapport GIEC, les tendances des tornades sont « mal détectées » et la capacité de modéliser les tornades « dépasse les capacités techniques et théoriques actuelles ». Autrement dit, les tornades sont un phénomène mal compris et leur réponse au réchauffement global reste une « question ouverte ».


Dans l’article de La Presse, on cite aussi l’exemple des feux de forêt comme phénomène qui tend à devenir plus intense. Encore une fois, la réalité est plus complexe. Les données de la NASA à la figure 4 montrent une diminution substantielle de la surface mondiale affectée par les feux de forêt depuis le début du siècle.

Figure 4 - Surface de la Terre brûlée par les feux de forêt depuis 2003 (Koonin, 2021)


Le catastrophisme climatique oublie trop souvent que les variations naturelles du climat camouflent trop souvent les variations dues aux activités humaines. Par le fait même, la capacité d’adaptation inhérente à l’humanité est trop souvent disqualifiée comme une justification du système qui cause le problème. Or, il s’agit très souvent d’une réponse naturelle à des changements si rapides qu’ils restent difficiles à saisir.


Les changements climatiques sont réels, la Terre se réchauffe et les humains en sont la principale cause. Ces affirmations, aussi vraies soient-elles, ne justifient pas le mensonge à des fins politique. Si on s’intéresse à ce que les « experts nous disent », la réalité est plus complexe que quelques slogans creux à utiliser dans le prochain cycle électoral. Notre civilisation a fait de la vérité une valeur essentielle à son épanouissement, conservons-la et rappelons-nous que la science a toujours plus de questions que de réponses.


Source :

Koonin, S. (2021). Unsettled: What Climate Science Tells Us, What It Dosen't, and Why It Matters. BenBella.


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